2 livres pour instruire les Apprentis et les Compagnons

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Le Silence de l’Apprenti

Pour certains maçons, le silence est cette période qui résulte de leur non prise de parole. En réalité, il n’en est rien, car leur mental reste constamment actif, leur cerveau réagit en dialogue interne à tous les propos entendus. L’agitation intérieure est toujours présente. Ainsi, le silence qui conduit au réel vide, n’est que superficiel et apparent. De quel silence parle-t-on, lorsqu’on évoque celui de l’Apprenti ?

On peut dire par exemple, que l’Apprenti s’exerce à l’accueil des propos entendus, lors des échanges en Loge, sans mobiliser le mental par la réflexion d’une future réponse. Il se rend ainsi plus disponible à l’écoute. Cette écoute va ensuite intensifier l’acuité, la présence et l’implication de l’interlocuteur. A une époque où tout doit aller vite, cet exercice fort riche ne dure malheureusement pas assez longtemps, lors de notre Instruction. Nous devrions pouvoir passer des années à nous perfectionner dans cet art de l’écoute active. Combien de nos amis nous remercient chaleureusement de les avoir simplement écoutés en cas de problèmes ? Une bonne présence remplie d’écoute et d’attention sincère permet parfois d’aider un ami avec plus d’efficacité qu’avec un long discours moralisateur rempli de conseils éclairés.

Pour résumer et conclure les aspects pratiques et physiques de cet exercice, on peut dire que le silence est un moyen pour conduire l’Apprenti sur la voie de la Tolérance et de la reconnaissance de l’autre. La Colonne où il travaille étant celle où la Lumière est la plus faible, il est aussi sur la Colonne qui est la plus silencieuse. C’est aussi la colonne de la Lune qui reçoit la Lumière, comme l’Apprenti reçoit la parole. Combien de Maîtres devraient s’inspirer de leurs jeunes années, pour ne prendre la parole qu’en gardant à l’esprit cette pensée d’Euripide : « Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence. »

Parlons maintenant des aspects symboliques. Tout comme le Pavé Mosaïque, le silence possède son opposé. Il s’agit de la parole. D’ailleurs, lors des échanges verbaux en Loge, le Surveillant de Colonne demande au Vénérable Maître : « d’accorder la parole ». La vibration de la parole pourrait être comparée au carré blanc du Pavé Mosaïque et le silence au carré noir. A l’instar des micro points blancs contenus dans le carré noir et les micro points noirs contenus dans le carré blanc, il existe des micro silences dans la vibration de parole et le contraire existe aussi. Nous retrouvons ainsi dans ce Symbole fort de l’Apprenti une autre reproduction de la dualité, qui nous conduit à nous interroger sur ce qui constitue le troisième élément du ternaire. On peut affirmer que ce troisième élément est l’énergie. Elle sert de lien, de liant, entre le silence et la vibration. N’oublions pas que l’énergie est aussi présente dans chacun des deux éléments. Un silence rempli d’énergie peut être plus parlant et plus lourd qu’une parole totalement vide et absente.

Parmi vos réflexions, pour ceux qui travaillent dans une Loge où la Bible trouve sa place, je vous invite à faire un parallèle dans votre travail sur le silence avec le passage de la Bible au Prologue de Jean :

« Au commencement était la Parole, et la Parole était près de Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était, au commencement, près de Dieu. Tout a été fait par Elle, et rien de ce qui a été créé n'a été fait sans Elle. En Elle était la Vie, et la Vie était la Lumière des Hommes. Et la Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas saisie. Il y eut un homme envoyé de Dieu, dont le nom était Jean ; il vint pour témoigner, pour rendre témoignage de la Lumière, afin que tous crussent par Lui ; non qu'il fut la Lumière, mais pour témoigner de la Lumière. La vraie Lumière était celle qui éclaire tout homme venant en ce monde. Il était dans le monde, le monde a été fait par Lui, et le monde ne l'a pas connu. Il est venu chez Lui, et les siens ne l'ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l'ont reçu, Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu : à ceux-là qui croient en son nom, qui ne sont nés ni du sang, ni du désir de la chair, ni du désir de l'Homme, mais de Dieu. »

Observez bien ce texte. La Lumière est au singulier et les Ténèbres sont au pluriel. Il en est de même avec le silence, qui est généralement au singulier. On pourrait comparer ce point unique et central du silence au point du centre d’un cercle. Les ténèbres ou les bruits seraient en périphérie du cercle. Nous verrions alors un point unique et 360 points autour. Le Sumbolon et le Diabolo que nous avons déjà vus précédemment sont manifestés en Unité (point central) et Division (périphérie), qui sont les deux opposés complémentaires. Cette image vous aidera peut-être à mieux comprendre l’importance de l’alignement et de cette Unité que j’évoque régulièrement.

Revenons quelques instants au Plateau de Premier Surveillant, qui avec l’autorisation du Vénérable Maître « accorde » la parole. Pourquoi ne dit-on pas tout simplement « Donner » au lieu d’« Accorder ». Ce mot d’accord est un terme choisi. Il rappelle que la parole doit être juste et harmonieuse. Ce qui est donné est sans valeur, ce qui est accordé possède un son juste et parfait, tous les musiciens vous le confirmeront. Réfléchissez-y, car les mots de notre Rituel sont importants et ne sont que très rarement le fruit du hasard.

Avec le silence, nous abordons un point capital, celui de l’intention. Lorsque l’Apprenti travaille consciencieusement, comme le Fil à Plomb, afin de s’ancrer entre le ciel et la terre ; lorsqu’il s’aligne ensuite pour être dans le centrage parfait qui le ramène à lui-même, il n’est plus utile de compenser les déséquilibres par des paroles creuses ou destinées à combler le vide qui engendre un malaise.

En Loge, l’exercice des Trois Pas, lors de l’entrée et du salut au Signe d’Ordre aux Trois Lumières de la Loge avec le VM en premier, puis le Premier et le Second Surveillant[1], tout cela dans une rectitude totale (sans bouger les pieds, juste en effectuant une rotation de son corps autour de l’axe), amène l’Apprenti à prendre conscience de l’importance du centrage. Ce centrage ne peut intervenir que dans le silence, il en est le terreau. C’est comme le point au centre du cercle, le silence nous permet de rester centrés à équidistance de la périphérie du cercle.

Ainsi centré, l’Apprenti devient un être debout, un maçon libre. Il a les pieds dans la terre et la tête dans les étoiles. Il peut ensuite aborder son degré suivant, celui de Compagnon, celui qui consiste à voyager, à nourrir les autres et à se nourrir de l’échange avec les autres. Il peut unir la verticale du premier degré et l’horizontal du second degré. L’union des contraires peut engendrer alors une alchimie, qui le conduit vers l’élévation spirituelle qu’on nomme la maîtrise.

Lisez la suite et terminez votre instruction : Suite dans le manuel 

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[1] Certains Rites inversent et saluent d’abord le Second, puis le Premier Surveillant et enfin le Vénérable Maître. La question qui se pose alors est : construisons-nous depuis la base en montant, où devons-nous rendre hommage d’abord à la Première Lumière de la Loge ? Le sens de rotation est inverse !