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Schibboleth

Un schibboleth (prononcé en chuintant) est une phrase ou un mot qui ne peut être utilisé ou formulé correctement que par les membres d'un groupe. Le mot « schibboleth » a été adopté pour parler d'un trait linguistique qui permet de différencier des locuteurs. Le mot ne vaut que par la façon dont il est prononcé, son accentuation, sa sonorité. Il ne révèle pas une signification, mais un trait privilégié à la marge de la langue qui peut signaler une appartenance. Autrement dit, un schibboleth représente un signe de reconnaissance verbal, un mot de passe, de passage, un zeugma[1] dirait Marc-Alain Ouaknin[2].

Un mot de passe laisse supposer un dedans et un dehors, quelque chose qui permette l'ouverture, un accès.

En Égypte, l’initié au premier degré, restait trois ans sans communiquer avec le monde profane et, en cas de sortie, il ne pouvait plus rentrer. Au contraire, l'initié au deuxième degré possédait un mot de passe, parce qu'il avait, certain jour de la semaine, la liberté de sortir.

Le mot de passe fonctionne comme une clé. S'il s'agissait d'un coffre, cela supposerait une sorte de droit de propriété prouvé par la possession de la clé. Si, en revanche, il s'agit d'un droit de passage, alors, ce sont des règles d'usage, de connaissance et de comportement qu’il faut justifier ; détenir un mot de passe ne peut se faire sans l'octroi d'un statut. C’est le cas en Franc-maçonnerie.

Il semble que ce terme de « mot de passe » soit d'origine militaire, comme partie du mot d'ordre qui se décompose en mot de sommation et en mot de passe ; la question constitue la sommation et la passe en constitue la réponse. Le mot de passe est un sumbolon verbal qui permet l'évaluation, la reconnaissance et la validation de la confiance.

Au Rite forestier le mot d’ordre est « Avantage » :

QUESTION : Que signifie ce mot ?

RÉPONSE : Utilité, honneur et prérogative.

QUESTION : Qu’entendez-vous par utilité ?

RÉPONSE : Qu’un fr. Ch [arbonnier] peut voyager tant sur terre que sur Mer et que partout il trouvera des frères B [ons] C [ousins] Charb. Prêts à le secourir au besoin.

QUESTION : Qu’entendez-vous par honneur ?

RÉPONSE : L’estime que les gens honnêtes ont pour l’homme de bien, le fr. Ch. en faisant sa plus grande gloire, ce qui lui donne un rang distingué du vulgaire guêpier [profane].

QUESTION : Qu’entendez-vous par prérogative ?

RÉPONSE : Celle que le fr. Ch. doit avoir d’être juste en toute chose et avoir pour principe de faire constamment aux autres ce qu’il voudrait qu’on lui fît.

Le mot de passe est bien distinct du mot sacré qui synthétise chaque degré initiatique. Comme une clef, il permet d’entrer dans une des chambres du temple, sans en avoir le grade correspondant, afin d’y vivre l’élévation à ce grade.

La légende populaire raconte qu’en 1282, pendant les vêpres, les Siciliens révoltés contre les troupes de Charles d’Anjou[3] à Palerme et contre la plupart des Français, obligeaient les étrangers à prononcer le mot « ciciru[4] » pour découvrir s’il s’agissait ou non d’un Français, auquel cas ils étaient massacrés.

Semblablement, pendant la Seconde Guerre mondiale, les troupes américaines, qui avançaient contre les Japonais d'une île du Pacifique à l'autre, devaient s'assurer que leurs bases de ravitaillement étaient à l'abri des attaques des saboteurs japonais. Ils ont choisi le mot de passe « Lollapalooza » pour leurs sentinelles, parce que les Japonais étaient incapables de faire la distinction entre la prononciation anglaise de   « R » et « L» et le prononçaient « rorraparooza ».

Lisez la suite et terminez votre instruction : Suite dans le manuel 

[1] Figure littéraire où s’exprime un lien insolite, incongru, riche de sens, entre des mots, des locutions, des phrases.

[2] Né le 5 mars 1957 à Paris.  Il est philosophe, rabbin et écrivain, producteur de l’émission Talmudiques sur France Culture.

[3] Né le 21 mars 1227 à Paris et mort le 7 janvier 1285 à Foggia, roi de Naples et de Sicile (1266-1285), est le dernier fils du roi de France Louis VIII et de Blanche de Castille. Comte d’Anjou et du Maine, il devient comte de Provence par son mariage avec Béatrice de Provence en 1246. Il accompagne son frère Louis IX pendant la septième croisade en 1248.

[4] Qui signifie « pois chiche » et se prononce « tchitchirou ».